La tristesse

C’est une émotion reliée au passé. Nous la ressentons lorsque nous avons un manque affectif provoqué par la perte ou l’absence d’une personne ou d’un objet qui avait cette valeur affective. La tristesse nous informe sur notre besoin affectif par le manque qu’elle procure et nous invite à réorganiser nos besoins pour s’adapter à cette nouvelle situation.
Le mouvement de la tristesse est lent, et fait descendre notre énergie.
Une fois que le manque a été comblé, ou redéfini, la tristesse s’estompe puis disparaît. C’est ce que l’on appelle communément faire le deuil. L’action qui va apaiser la tristesse est la consolation puis la substitution. Nous avons la capacité de retrouver l’affect perdu par d’autres moyens et le temps nous y aide. Même si c’est une adaptation, nous réajustons notre besoin afin de passer à autre chose.

Temps et consolation : adieu tristesse

Vous l’avez peut-être déjà remarqué sur les enfants, un temps de consolation suffit généralement pour compenser une perte mineure, ou un objet de substitution peut très bien faire l’affaire.

Plus la perte affective sera grande, plus il faudra de temps et de consolation pour que nous comblions ce manque par autre chose. Ceci est lié au rythme même de cette émotion, elle n’existe que par le manque qui s’estompe plus ou moins lentement. Lorsque la tristesse est là, la réflexion n’est d’aucun secours, l’action non plus.

Voici une façon d’accompagner cette émotion, pour accéder à une consolation résolutoire : tout d’abord, respectez le mouvement lent et descendant de cette émotion. Cela va mettre du temps pour passer, et laissez descendre votre énergie, couler les larmes. Avachissez-vous dans un fauteuil ou blottissez-vous dans les bras de quelqu’un de bienveillant. Soyez le plus passif possible, laissez passer tranquillement cette émotion. Ce moment de tristesse que vous vous accordez, devient alors consolateur, car à l’image même de la nature, une fois la pluie passée, le soleil revient de façon certaine. Bien sûr, de nouveaux moments de consolation seront nécessaires, et l’important est de leur donner de la place et de vous laisser aller. Une fois ces étapes de réparation passées, ce manque, à défaut d’être comblé, aura été compensé. C’est ce temps de compensation qu’on appelle la consolation.

La mélancolie : tristesse sans objet

Lorsque nous ressentons ce sentiment de tristesse et qu’il n’est pas relié à une perte, c’est à dire qu’il n’a pas d’objet, nous ressentons de la mélancolie. C’est un état qui ne se résout pas avec une consolation ou une substitution, car il n’y a rien à remplacer. Certaines personnes ressentiront cette mélancolie pendant de longues périodes sans comprendre comment ressentir autre chose. Les causes de cette mélancolie peuvent être physiologiques et mener à la dépression. Effectivement, nos émotions sont aussi le résultat d’un dosage de différentes substances chimique dans notre corps, et lorsqu’il y a une défaillance physiologique sur cet équilibre, nous ressentons, sans raison, certaines émotions. Dans ce cas, une aide médicale ponctuelle peut s’avérer très efficace, surtout si elle est accompagnée de séances de psychothérapie.

Parlons de notre fragilité

Socialement, la tristesse n’est pas très acceptable. D’ailleurs, quand on est enfant, c’est un signe de maturité : “tu ne vas pas pleurer comme un bébé, tu es grand maintenant”. Pire encore, la tristesse est montrée comme une faiblesse : “seuls les faibles pleurent”. Ou réservée aux femmes : “tu pleures comme une fille”. Nos rythmes de travail imposés ne laissent pas beaucoup de place à l’expression de ce sentiment anti-action. Imaginez la vendeuse de vêtement fondant en larmes devant un client. Non, cette fragilité n’est pas acceptable, nous devons faire bonne figure au travail. Il en est de même dans notre foyer. Pourtant, des pertes, des échecs et des manques, nous en avons souvent tout au long de notre vie. Je vous invite à aménager des espaces où vous pourrez parler de votre fragilité avec des personnes bienveillantes. Évidemment, variez les sujets et les moments, et sachez, vous aussi, accueillir la fragilité des autres. Et surtout, admettons dans l’éducation de nos enfants qu’il est normal d’être triste en cas de perte et que l’exprimer est bon. Et admettons le, une bonne fois pour toute : oui, nous sommes impactés par nos pertes, nos échecs, et oui, nous avons besoin d’être consolés à tout âge.

Alors laissons couler…