La colère

La colère est l’émotion d’un moment présent, nous la ressentons dans les 2 cas suivants :
Un de nos désirs n’est pas satisfait, « je veux ça et je ne l’ai pas ».
Une de nos limites territoriales n’a pas été respectée.

Dans tous les cas, la colère a pour fonctionnalité le changement. Soit de notre part quand c’est l’environnement qui est en cause, soit de la part de la personne qui en est la cause si c’est un être vivant qui est responsable. C’est une émotion riche qui peut nous permettre de mieux se connaître, puisqu’elle pointe à chaque fois une partie de nos valeurs, de nos désirs. C‘est un puissant moteur de changement, et bien utilisée, la colère mobilise nos énergies créatrices les plus puissantes. Alors comment tirer parti de cette émotion ? Comment l’exprimer en gardant son énergie à notre service ?

“Change de comportement tout de suite !”

C’est ce qu’on pourrait crier à chaque fois que nous sentons la colère. Le crier à celui qui engendre notre frustration ou qui envahit notre territoire. Un peu comme un chien de garde se mettrait à montrer les dents si vous vous approchez un peu trop près de son territoire. Si vous reculez, le chien se calme, si vous avancez, il mord. La colère est bien ce signal du passage imminent de l’état d’équilibre pacifique à la guerre totale. C’est juste une alarme pour ne pas sombrer directement dans le conflit. Pourtant, nous partons souvent directement dans le conflit sans avoir laissé la moindre chance à notre désir de s’assouvir, ou à notre intrus de reculer.

Un de mes enfants se met à écouter de la musique très forte au salon, alors que je lis. Je ressens immédiatement une colère car cela me dérange. Je lui demande de baisser le son, il le fait. La colère qui vient de remplir sa fonction s’arrête.

Alors que je range une jolie carafe, je la laisse m’échapper, elle se brise. La première émotion ressentie va être de la colère, car j’aimerais qu’elle ne soit pas brisée. « Arrête d’être brisée  » crie ma colère. Mais, bien souvent, nous retournons cette colère contre soi, ou un autre coupable plus facile à identifier.

Comment utiliser l’énergie de sa colère de façon positive ?

Aussi étrange que cela paraisse, la colère nous invite à l’introspection. Nous le sentons d’ailleurs, ça bouillonne à l’intérieur ! Je vous propose donc un temps de pause, matérialisé par trois respirations profondes. Puis de répondre à ces questions :

  • Qui doit arrêter quoi pour que le signal s’éteigne ?
  • Est-ce possible ?
  • Quelle demande dois-je faire, et à qui ?
  • Quelle est ma frustration et laquelle de mes frontières est menacée, là, tout de suite, maintenant ?
  • Cela s’est-il déjà produit et comment y remédier ?

Une fois les réponses trouvées, comment pouvez-vous demander un changement de comportement ou réviser vos désirs s’ils ne sont pas adéquats ou justifiés ?

Prenons un exemple simple :

Mon collègue de bureau m’a encore emprunté mon agrafeuse, et ne l’a pas remise à sa place, j’en ai besoin, et je ne la trouve pas. Je suis irrité au moment où j’en ai besoin.
Dans un premier temps, c’est l’absence de l’agrafeuse qui m’irrite, j’aimerais qu’elle arrête d’être absente et réapparaisse. Mais je passe vite à l’étape suivante : qui l’a déplacée ? En la cherchant et en découvrant qu’elle se trouve sur le bureau de mon collègue, une autre colère apparaît, déclenchée par le fait qu’on ait pris mes affaires sans me le demander ni les remettre à leur place. Il y a frustration et intrusion sur mon territoire.
Si je passe l’étape de la réflexion, je fais irruption dans son bureau, et de façon plus ou moins aimable, je réclame mon agrafeuse en lui disant tout le bien que je pense de ce genre de comportement. Et je reviens à mon bureau en marmonnant des noms d’oiseaux, et en sentant une énergie guerrière dans tout mon corps.
Si je respire et que je me demande qui doit arrêter quoi, la réponse évidente est « mon collègue doit arrêter de prendre mon agrafeuse ». Lui ai-je fait part de mon désir de respect de mes affaires ?
Il y a bien une demande qui me pousse à éclaircir mes désirs et mes besoins vis-à-vis des personnes qui m’entourent. Cette colère me pousse donc à informer mon entourage de mes limites, de ce qui est important pour moi. Et la meilleure façon de communiquer est de faire des demandes claires de ce que nous désirons. Je peux donc aller communiquer avec ce collègue sur mon besoin. Il sera toujours temps, si aucun changement n’intervient, de laisser mon agrafeuse dans mon tiroir fermé à clef.

Dans cet exemple, ma colère m’informe sur mes besoins, mes limites et mes attentes vis-à-vis des autres, et m’invite à exposer clairement le cadre que je désire voir respecté dans mes relations. La colère peut aussi me permettre d’énoncer ce cadre avec une force et une conviction qui donne du poids à l’importance des besoins énoncés.

La colère, utilisée comme signal, permet donc de clarifier les attentes envers notre entourage et permet des demandes. Quelle belle façon de se connaître soi-même et de se dévoiler aux autres ! La résolution de cette émotion passe par le fait d’être entendue, respectée ou de voir son besoin comblé.

Les fausses colères

La colère peut s’associer aussi à d’autres émotions suivant les situations.

  • S’il y a un danger, elle sera mêlée à de la peur, avec pour fonction de faire cesser le danger.
  • Après une perte, un échec, elle sera mêlée avec de la tristesse et pourra donner de la culpabilité et se retourner contre vous-même (“Pourquoi ai-je été aussi stupide, maladroit…”). Dans ce cas précis, vous développez votre capacité à apprendre en faisant des erreurs, et à accepter la malchance.
  • Mélangée à de l’envie, elle donnera de la jalousie. “Arrête de donner de l’attention à une autre personne que moi” pourrait-on dire alors. Comme l’autre ne nous appartient pas, à part exprimer son ressenti, nous n’avons pas de contrôle sur cette émotion. Une piste à travailler serait de voir s’il n’y a pas des peurs cachées derrière cette fausse colère.

La liste serait longue et variée, mais vous l’avez compris, pour que la colère (quand elle est authentique) cesse, il faut juste qu’il y ait un arrêt de ce qui l’a déclenchée.